Au téléphone l'autre soir, notre "cher confrère" confiait avec le sourire mais aussi avec l'humour, la grande modestie, le talent qui sont depuis toujours ses meilleurs alliés : "Aujourd'hui, je suis devenu un véritable apparatchik..."
Homme de coeur, il est depuis toujours aux côtés de ses confrères. Il les conseille, les défend avec précision, avec sagesse aussi.
Engagé sur la scène nationale du syndicalisme à France Télévision, Jean-François Téaldi n'a rien oublié de son aventure humaine au service du club de son coeur. Ecoutez-le parler de ce maillot Rouge et Blanc qui fit tourner tant et tant de têtes...
L'AS Cannes qui se retrouve aujourd'hui en CFA, sans qu'il faille évoquer une simple rétrogradation sportive, c'est la faute à qui selon toi ?
- Je me garderai bien de porter le moindre jugement. Ce que je sais aujourd'hui c'est que voir l'AS Cannes en CFA fait mal au Cannois que je suis. Au delà du foot, l'AS Cannes, ce fut mon père, Honoré, pleurant sur son lit d'hopital le soir de la victoire de Cannes en Coupe de France contre l'OGC Nice. C'est grâce à mon père que je suis venu au football. Et puis, tu sais, l'AS Cannes, c'est vingt-cinq ans de ma vie... Une descente c'est terrible pour un gars qui a le maillot Rouge et Blanc au bond du coeur... Cela dit, j'ai aussi connu des moments extraordinaires en voyant Cannes retrouver la Première division en 64-65 et en 97...
- Ton aventure a débuté au Suquet ?
- Exact, je jouais en minimes au Suquet. Nous avions même remporté un titre de champion de la Côte d'Azur et puis j'ai "trahi" en partant à l'AS Cannes. J'étais juniors première année... A cette époque j'ai disputé quelques matchs avec la réserve. Je me souviens avoir joué aux côtés d'Yvon Giner et même Jacky Ferrari. Mais je vais tout t'avouer, j'étais, je crois, meilleur entraineur que joueur.
- L'AS Cannes, c'est aussi une superbe histoire de coach pour toi ?
- J'ai même travaillé avec Jean Varraud à l'AS Cannes, j'entrainais les minimes et Michel Dussuyer mais aussi les cadets excellence ou j'ai découvert Bernand Casoni ... Et d'autres joueurs qu'il m'arrive encore de rencontrer au hasard de mes déplacements. Certains me demandent toujours : "Tu te rappelles de moi ?". Je les rassure très vite, je n'ai oublié personne...
-Le foot tout fric aujourd'hui ?
- Michel Platini a raison lorsqu'il souhaite moraliser le football. Lorsque j'assurais le multiplex de France Inter, cela ne date pas d'aujourd'hui, l'ambiance du fric m'a gavé... Je me souviens de mon dernier match à l'antenne, fut un Nice-Toulon à la fin des années 80. Rendant l'antenne à Pierre Loctin qui assurait les liaisons à Paris, je lui ai dit ouvertement ce soir-là, en direct à l'antenne : "Pierre, je viens d'assurer mon dernier multiplex..." En réalité je ne reconnaissait plus ce sport, j'étais dégouté...
- Le foot c'est fini pour toi ?
- J'essaie toujours d'aller voir un match à Cannes ou Nice en début de saison. Quand je peux, je regarde aussi l'équipe de France à la télévision...
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- Grosse déception ?
- C'est vrai et, en plus, j'évite d'évoquer certaines histoires racistes. Aujourd'hui le football est le reflet de la société dans laquelle nous vivons. Certains sports sont gangrenés par le fric. Heureusement, d'autres comme le handball ou le volley-ball ont échappé au mal...
- Tu as suivi l'AS Cannes volley-ball d'Alain Fabiani et Laurent Tillie. Un club qui, à l'époque, était présidé par le regretté Georges Dufour?
- Ce fut une bonne respiration, un superbe bol d'air pour moi après la déception du football professionnel... Je suis d'ailleurs resté très ami avec Alain Fabiani.
- Avec toi, impossible d'évoquer le football cannois sans parler de ton parcours, ta précieuse collaboration, ton immense travail, ta passion pour le magique Tournoi juniors de Cannes ?
- Là aussi aujourd'hui, il m'arrive encore de rencontrer des joueurs qui ont disputé le tournoi international juniors de Cannes. Pendant de longues et passionnantes saisons, j'ai vécu de super moments avec l'équipe de France de Michel Hidalgo... Je suis resté amis avec les Battiston, Larios ou Lacuesta par exemple...
- Il y eut également cette assemblée générale surprise de l'AS Cannes évoquée d'ailleurs par Gilbert Chamonal dans le livre "Festival de passions..." ?
- Tu parles d'une surprise. Ce soir-là, sans prévenir personne, "Doudou" Gioanni nous désigna Gilbert et moi-même, secrétaire général et secrétaire général adjoint du club. Nous avons immédiatement accepté, il n'y avait personne d'autre et puis, nous étions jeunes... Tu sais, pour moi aussi, comme Gilbert Chamonal, "Doudou" Gioanni fut un peu mon père spirituel... Avec Gilbert, nous avons vécu des moments extraordinaires à l'AS Cannes, de très belles amitiés de jeunesse aussi...
- Un mot sur Gilbert Chamonal ?
- Gilbert est un ami d'enfance. Ensemble nous avons usé nos culottes sur la fontaine du Suquet... Nous nous sommes retrouvés lors de cette fameuse assemblée générale. Pour l'AS Cannes, Gilbert fut un secrétaire général extraordinaire, tu peux me croire...
- Tiens, Tu me tends une superbe perche pour conclure... N'est-il pas souhaitable pour voir l'AS Cannes réussir enfin, de rendre tout simplement le football aux Cannois ?
- Je comprends ta question sur le plan sentimental. Il est surtout indispensable de faire appel à des personnes qui aiment le club mais, il faut également appeler, faire confiance à d'autres personnes. Cela dit, une fois encore, je me garderai bien de porter le moindre jugement. Ce que je sais, c'est que le fric ne fait pas tout... Dans n'importe quelle équipe, c'est la force du groupe qui fait la différence. La somme des individualités fait la qualité d'un groupe...
Propos recueillis par Hervé SOMNARD
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