Ces derniers temps autour du stade Bonal, on a tout entendu, même n’importe quoi. Il y avait le feu au club sochalien alors on a appelé certains pompiers qui n’avaient éteint aucun feu ailleurs… Bien au contraire, demandez donc leur avis à certains supporters cannois. Le football est comme cela, il manque parfois de mémoire. Le nom de Stéphane Paille a même été prononcé, c’est dire ! Mais il n’y a pas eu que Paille pour entrer dans le costume du sauveur attendu, tout au moins espéré…

Heureusement la raison l’a emporté. Quelques jours plus tard, les dirigeants sochaliens ont confié les clés de « la maison jaune et bleue » à un homme de qualité. Un entraîneur à la main ferme, au discours clair. Hervé Renard est arrivé, sans se presser.

L’homme n’a rien de Zorro mais ne manque pas d’idées, encore moins de caractère. Footballeur cannois de 1983 à 1991, il est un des grands voyageurs du football français. L’Asie, l’Algérie, l’Afrique, la France l’on accueilli.

La Zambie en a même fait un héros national , « un sorcier blanc » ( comme sa célèbre chemise )   le jour où la sélection qu’il dirigeait remporta la Coupe d’Afrique ( la  CAN ) en 2012 face à la Côte d’Ivoire .

Aujourd’hui c’est à Sochaux que Renard a décidé de poser son sac de coach pour quelques mois d’ici la fin de la saison. Seule condition inscrite à son tableau de marche: sauver le FC Sochaux Montbéliard de la relégation en Ligue 2 avant de signer un nouveau bail d’une saison supplémentaire dans cette région froide qui ne demande qu’à se réchauffer grâce aux victoires remportées par son équipe de football.

Le Renard en question a déjà marqué les esprits en faisant grimacer les princes monégasques l’autre dimanche (2-2) à Bonal.

Bonal, c’est la nouvelle tanière de ce coach rusé comme…

C’est vous qui l’avez dit, mais c’est Hervé Renard qui répond à certaines questions que vous vous posez peut-être à son sujet…

 S’engager en cours de saison auprès d’un effectif que l’on n’a pas choisi, c’est quelque part un pari un peu fou ?

Il faut tout d’abord bien réfléchir avant de se décider. Personne ne m’a forcé à donner mon accord. Personne ne m’a forcé à signer cet engagement avec Sochaux. Moi, je pense sincèrement que le groupe a les moyens de s’en sortir. Les moyens de sauvegarder sa place en Ligue1.

 Le FC Sochaux Montbéliard, c’est une véritable institution dans le football français, le porte-drapeau de toute une région ?

Exactement. Passer trente-six saisons en Ligue 1 marque un club. Cette place, une fois encore, il est indispensable de la préserver. Je suis confiant, ici, à Sochaux, tout le monde tire dans le même sens…

Le centre de formation sochalien a certaines références…

Cette saison par exemple, soixante pour cent de l’effectif de l’équipe première est issu du centre de formation du club. Ce n’est pas rien. Maintenant, ces jeunes footballeurs formés ici, il faut savoir bien les entourer.

Cannes-Sochaux, deux grands centres de formation d’hier à aujourd’hui ?

Pour tout avouer, en arrivant à Sochaux j’ai retrouvé le même état d’esprit que celui que j’avais connu à Cannes lorsque j’étais joueur. Et puis vous savez ici, le FC Sochaux Montbéliard c’est important. Tout le monde est derrière le club, derrière son équipe première les samedis ou dimanches au stade Bonal. Les supporters, tous les spectateurs habitués du stade Bonal et les autres souhaitent que Sochaux reste en Ligue 1. Il est indispensable d’être capable de pérenniser le club au niveau de l’élite du football français.

La tâche qui vous attend ne s’annonce pas des plus faciles ?

Elle est surtout passionnante. Ici, dans toute la région on sent vraiment un grand amour pour le Football Club de Sochaux. Il est également important de conserver le centre de formation du club, pouvoir donner leur chance aux jeunes qui y ont été formés.

Un peu comme le fait Claude Puel à Nice depuis deux saisons maintenant ?

Tout à fait, le travail accompli par Claude Puel est remarquable. Il ne faut pas oublier que lorsqu’il est arrivé à Nice, le club était pratiquement aux portes de la Ligue 2. A la fin de la saison dernière l’OGC Nice s’est qualifié pour la Coupe Europa. Preuve qu’en football l’argent ne fait pas tout…

 Avant de signer à Sochaux, vous étiez encore sous contrat avec la fédération nationale de Zambie ?

Oui jusqu’en juillet 2014. J’ai payé deux mois de contrat de ma 
poche afin d’être libre. Je suis d’ailleurs coutumier du fait : 
pour rejoindre la sélection zambienne, j’avais renoncé à quarante pour cent de mon salaire à Alger !... Ma priorité n’a 

jamais été l’argent.

Elle fut la même partout depuis que j’ai commencé ce métier d’entraîneur : vivre une aventure avec un groupe, une véritable émotion avec des joueurs de qualité comme ceux que je rencontre 

Bien sûr, je vais même vous faire une confidence mais, peut-être le savez-vous ? En juillet 2011, j’ai été reçu par le président de l’AS Cannes, un monsieur très bien… Malheureusement après j’ai fait la connaissance de Xavier Nielsen. Je ne veux pas en dire plus. Je souhaite simplement la réussite qu’il mérite à Jean-Marc Pilorget…

Sur toutes les photos vous portez une chemise blanche, légère. Il va falloir porter un pull en laine désormais à Sochaux ?

Cela n’a vraiment aucune importance. Je porterai une grosse veste, ce n’est pas le plus important.

Vos différents séjours en Afrique ?

Ils m’ont permis de vivre de fantastiques émotions… Je suis venu à Sochaux afin d’en connaître d’autres aussi fortes ou même plus fortes…

Michel Dussuyer, un autre Cannois est responsable d’une sélection nationale africaine, celle de la Guinée ?

Avec Michel nous avons joué ensemble à Cannes avant de  nous croiser plusieurs fois en Afrique comme entraîneur. La dernière fois ce fut je crois en Afrique-du-Sud.

L’importance de Claude Leroy dans votre carrière de coach en Afrique ?

Sans lui, je serai toujours entraîneur d’un club de CFA ou de Nationale. Cela dit, ne nombreuses années ont été nécessaires avant que je sorte la tête de l’eau…

Si vous deviez définir vos choix à travers les nombreux clubs ou sélections que vous avez entraînés ?

Ce furent des challenges différents à chaque fois. Je me suis enrichi sur le plan personnel en ayant la chance de rencontrer des personnes passionnantes. En essayant de mieux comprendre aussi la culture des autres. J’arrive à Sochaux avec la même envie de rencontre, de compréhension. Ici, c’est l’état d’esprit qui m’a plu avant tout.

Michel Dussuyer, encore lui, insiste très souvent sur les qualités physiques du footballeur africain. Quel est votre avis ?

Les footballeurs africains sont tout d’abord imprévisibles. Ils ont une exceptionnelle faculté à surprendre l’adversaire. En plus, le footballeur africain s’appuie également sur un grand esprit d’équipe. Il n’est pas facile de le trouver ailleurs. Vous savez, le football, c’est avant tout la qualité d’un état d’esprit qui doit être sans faille. Cela dit, en football, le plus important c’est de prendre des points, rien d’autre…

Daniel Sanchez, un autre ancien footballeur cannois vient d’être licencié à Valenciennes après avoir reçu le soutien inconditionnel de son président ?

En football, un président qui prétend soutenir son entraîneur les yeux fermés, c’est toujours un mauvais signe, un mauvais présage… C’est regrettable pour Daniel Sanchez que j’ai connu à Cannes, il restait encore beaucoup de journées de championnat avant le verdict définitif. Autant de matchs au cours desquels il est toujours possible de rétablir une situation difficile. J’ai toujours eu pour habitude de défendre la profession…

Cannes en CFA depuis trop longtemps ?

C’est bien le moins que l’on puisse dire. L’AS Cannes mérite une place en Ligue 2… mais.

Un mot en conclusion ?

Soyez aimable de transmettre mes amitiés les plus sincères à Gilbert Chamonal.

C’est fait…

Propos recueillis par Hervé SOMNARD