Cet homme du Sud de la France est devenu cette saison le maître à jouer du plus célèbre de tous les maillots grenats de l’hexagone, celui du Football Club de Metz.
Né à Cavaillon il y a tout juste 32 ans, Romain Rocchi, formé à Cannes par Michel Dussuyer, est devenu un capitaine lorrain ambitieux.
Romain a accepté le jeu d’un questions-réponses sans concession. Rocchi aimerait terminer sa carrière « chez lui » à… Cannes au beau milieu du « club de son cœur » comme il dit. Ecoutez cet homme de qualité que nous avons retrouvé avec plaisir…
Tu n’es pas resté longtemps en place. Après avoir été formé à Cannes avec Michel Dussuyer, tu as porté le maillot du Paris-Saint-Germain, puis celui de Bastia, d’Ajaccio, du FC Metz une première fois, ensuite tu as signé au Hapoel Tel Aviv avant de rejoindre Arles-Avignon et une fois encore le FC Metz. Comment expliquer ce retour en Lorraine ?
Metz est un club que j’ai connu entre 2008 et 2010. J’ai toujours eu d’excellents contacts ici. Avec Angie, la maman de Lou-Anne notre fille, nous avons gardé des amis à Metz. J’aurai pu resté à Arles qui est un peu ma région, j’ai une maison là-bas mais, il y avait une fois encore un super challenge à tenter à Metz. D’autre part, mon rôle cette année est d’encadrer de jeunes footballeurs de bon niveau. Cela dit, j’étais attaché à Arles-Avignon, je ne vais rien cacher.
Ton passage à Tel Aviv ?
J’avais décidé de quitter la FC Metz après deux grosses déceptions, deux échecs dans notre tentative d’accession à la Ligue 1. Un cycle venait de se terminer à Matz, j’en ai pris conscience. Avec Tel Aviv j’avais l’occasion de jouer la Ligue des champions et puis, je ne vais rien te cacher, financièrement la proposition était très intéressante. C’était un pari un peu fou, je l’ai tenté. J’avais 28 ans, disputer des matchs de Ligue des champions face à des adversaires comme Lyon, Benfica ou Schalke c’était magnifique.
Le football en Israël ?
C’est avant tout un pays qui adore le football. Le Hapoel Tel Aviv, c’est un peu le Lens israélien. Je suis resté six mois là-bas, à la trêve, j’ai signé à Arles-Avignon. En choisissant ce retour en France, j’avais l’opportunité de retrouver ma région et la Ligue 1.
Tu as connu Bastia et Ajaccio, le mieux c’est jouer à Furiani avec le maillot bleu du Sporting ou porter celui de l’AC Ajaccio à François Coty ?
Bastia respire plus le football, c’est indéniable. A Ajaccio le club a grandi très vite. La culture du football est moins évidente. Entre Bastiais et Ajacciens, il y a deux mentalités différentes. J’avais beaucoup d’amis à Furiani.
Tu avais connu le président Marcel Salerno à Cannes, tu l’as retrouvé à Arles-Avignon. Quel est ton avis sur ce dirigeant passionné ?
Nous le connaissons tous, toi, moi et beaucoup d’autres. Il a ses qualités et ses défauts. Je le respecte. Cela dit, il faut reconnaître que son bilan sportif n’est pas fantastique. Aujourd’hui, par exemple, dans le football, il n’a rien prouvé. Marcel Salerno a réussi dans les affaires. En matière de football, il essaye de proposer, de faire certaines choses.
Tu as retrouvé David Suarez à Arles-Avignon. Vous aviez été partenaires à l’AS Cannes…
Ce fut un grand plaisir de le retrouver là-bas. C’est un joueur , un homme simple. Je lui avais conseillé de venir à Arles-Avignon.
Des nouvelles de Monsieur Carlos Molinari ?
Je continue à l’appeler « Président »… Il est bien sûr toujours présent au FC Metz.
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Tu préfères l’ambiance de Furiani ou celle de Saint-Symphorien ?
En Corse, je n’ai pas connu la folie d’une montée par exemple. Ici à Metz nous sommes en plein renouveau. Lors de notre match contre Nancy, il y avait 25 000 spectateurs au stade. Cela dit, pour l’instant nous jouons le maintien avant tout. Il faut 44 points pour se maintenir. Albert Cartier, notre entraineur essaie de redonner une âme à l’équipe. Il y arrive. C’est l’homme de la situation.
Tout au long de ta carrière, quel fut l’entraîneur qui t’as marqué ?
Dans une carrière, tous les coaches sont importants car ils te font avancer… Chaque entraîneur est une nouvelle étape. Parmi d’autres, j’ai connu Halilhodzic, Luis Fernandez, Courbis, Troin, Michel Dussuyer, au centre de formation a été très important dans mon début de carrière à l’AS Cannes, il a noté mes qualités et des défauts.
Une grande déception dans ta carrière ?
Evidemment ce match perdu (2-1) en mai 2002 à Coubertin contre Valence. Ce jour-là, devant un stade archiplein, si nous gagnons, l’AS Cannes retrouve la Ligue 2. Ce fut une énorme déception. Cela dit, si nous étions remontés en Ligue 2, je ne serais pas allé à Paris… Il y a eu d’autres déceptions comme être resté à l’AC Ajaccio lorsque nous sommes redescendu ou ne pas avoir retrouvé la Ligue 1 avec le FC Metz entre 2008 et 2010.
Ton avis sur le Paris-Saint-Germain d’aujourd’hui ?
C’est un football d’une autre planète ! Pour réussir à s’imposer au P-S-G, c’est toujours très compliqué. Il faut avant tout être un extra-terrestre. Je n’avais pas les épaules assez larges pour m’imposer à Paris, être titulaire au Paris-Saint-Germain. Ce qu’ils réussissent aujourd’hui est tout simplement exceptionnel. Paris-Saint-Germain est un plus incontestable pour la Ligue 1. Le groupe de Laurent Blanc réalise régulièrement des matchs et des gestes de haut niveau. En revanche, je suis plus déçu par l’AS Monaco et Falcao.
Le championnat français de Ligue 1 aujourd’hui ?
Il faut être clair, il n’y aura jamais vingt Paris-Saint-Germain dans le championnat de France. De tels clubs tirent le football vers le haut. Cela dit, le contexte financier actuel oblige les clubs à s’appuyer de plus en plus sur la qualité de leur centre de formation. A Metz par exemple, nous ne sommes repartis qu’avec des jeunes footballeurs de qualité. Aujourd’hui dans le football, il y a deux combats différents : celui qui repose sur l’argent et celui qui s’appuie sur les centres de formation.
Tu as gagné la Coupe de France en 2004 avec le Paris-Saint-Germain ?
Exact, ce fut une belle satisfaction. J’ai eu la chance de lever cette Coupe de France.
On revient rapidement sur ton passage au Paris-Saint-Germain. Qu’en retiens-tu ?
« Gaby » Heinze est un joueur qui m’a beaucoup apporté. Il avait cette « Grinta » des Argentins qui ne lâchent jamais. Pauletta était un grand professionnel. Letizi aussi m’a apporté beaucoup de choses. J’ai énormément appris à Paris. Dans le football professionnel, il faut savoir être humble, accepter, écouter l’expérience des autres. Il est important de savoir recopier, savoir « pomper » sur les plus forts. C’est un peu comme à l’école…
Comment envisages-tu ton avenir ?
Continuer à prendre du plaisir en jouant au football, poursuivre l’aventure, vive d’autres belles choses grâce au football.
L’AS Cannes aujourd’hui en CFA qu’en penses-tu ?
J’espère toujours voir Cannes remonter en National puis en Ligue 2. Tu sais j’ai tout appris à Coubertin. Cannes restera le club de mon cœur. Si un jour ou l’autre je pouvais terminer ma carrière à Cannes, je serais le plus heureux…
Propos recueillis par Hervé SOMNARD
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