Gardien de but de l’AS Cannes entre 1980 et 1984, Jean-Louis Garcia est aujourd’hui le coach de Châteauroux. Cette séduisante Berrichonne sur laquelle Michel Denisot garde un œil passionné. C’est ici que Garcia a décidé de relancer sa carrière d’entraîneur en octobre dernier lorsqu’on lui proposa de succéder à Didier Tholot, lui imposant un seul et unique objectif : éviter la descente aux enfers du National à cette Berrichonne de tous les cœurs castelroussins.
Nous avons décidé de donner un coup de fil à Jean-Louis Garcia, le plus Varois – il est né à Ollioules le 20 septrembre 1962 – de tous les Castelroussins.
Voici le résultat d’un questions-réponses qui dura environ quarante-cinq minutes… avec le beau-frère de l’ami Manu Nogueira. A vous de juger…
Votre récent retour à Lens devant près de 30 000 spectateurs au stade Bollaert ?
Cela m’a fait plaisir. Jouer dans une telle ambiance, devant 30 00 spectateurs, c’est pour cela que nous avons choisi ce métier. Tout le monde était content de me revoir. J’ai quitté Lens lorsque Gervais Martel et Jocelyn Blanchard ont été débarqués. Les dirigeants qui ont repris le club ne m’avaient pas choisi…
Sur le plan du résultat, vous pouviez espérer mieux qu’une défaite 2-0 avec votre nouveau club Châteauroux ?
Le résultat est rageant, j’en conviens. On prend un premier but sur coup de pied arrêté puis, nous avons quatre ou cinq occasions de but que nous ne savons pas convertir. Kevin Dupuis a une belle occasion d’égaliser, mais… Cela dit, l’équipe est en progrès. A Lens, nous n’avons jamais baissé les bras. Le travail commence à porter ses fruits. Le calendrier qui nous attend est moins difficile, nous allons recevoir deux fois consécutives en jouant face à Istres et Dijon avant de nous déplacer à Laval. Vous savez, il faut en réalité laisser du temps au temps. Il faut que les choses se mettent en place…
Votre favori pour la montée en Ligue 1 à la fin de l’actuelle saison ?
Difficile de faire un pronostic. Actuellement, le FC Metz est sur la dynamique de la montée de National en Ligue 2. Pour moi le favori est le RC Lens, Troyes est une très belle équipe, Angers que je connais bien également. C’est un club qui a un bel effectif. L’AS Nancy-Lorraine est un adversaire cohérent. Auxerre et Caen peuvent jouer les trois premières places qui permettent d’accéder à la Ligue 1. Cela dit, Lens se détache sans aucun problème, ce club a de gros moyens financiers, ils ont également réussi un bon recrutement, la mayonnaise prend…
Un an sans club, ce n’est pas trop dur à gérer ?
Ce que je peux vous dire c’est que ce n’est pas évident de passer par le chômage. Cela dit lorsqu’il m’a contacté, Patrick Le Seyec, le président de la Bérrichonne a été très clair : je devais accepter, faute de moyens, d’entrainer l’équipe première en travaillant avec le staff en place. Un staff très compétent d’ailleurs mais j’ai été obligé, à regret, de laisser mon staff sur le bord de la route…
Vous pensez notamment à Manu Nogueira et Pascal Faure que l’on a bien connus à Cannes. Des nouvelles de Manu ?
Manu était avec moi à Toulon, Angers, Lens. Pascal Faure nous a rejoints à Angers. C’est quelqu’un de très compétent, travailleur, loyal. Cela dit, quand je suis arrivé à Châteauroux, le staff de la Berrichonne était en place…
J’ai lu récemment dans le quotidien « La Voix du Nord » que votre cicatrice lensoise n’était pas encore tout à fait refermée ?
Il faut savoir une chose : lorsque j’ai donné la préférence à Lens, j’avais eu également de très sérieux contacts avec les Girondins de Bordeaux. J’avais été reçu par les principaux responsables des Girondins. J’avais également un contact très avancé avec l’AS Nancy-Lorraine. Au final, Gervais Martel, le président du RC Lens, s’est montré le plus pressent. Cela dit, il m’a caché la réalité des problèmes financiers connus par le club, il ne m’a pas parlé non plus des problèmes que connaissait le vestiaire lensois à cette époque. Au terme de ma première saison lensoise nous terminons à la dixième place en Ligue 2. Au début de la seconde saison, nous sommes en plein recrutement, je fais notamment venir Jérôme Lemoigne qui avait été formé à Cannes. Je l’avais également fait venir à Toulon. Nous sommes invaincus après les six premières journées de championnat. Malheureusement on perd contre Monaco et Angers, deux des plus grosses cylindrées du championnat… Et je suis limogé.
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Vous avez connu Luc Dayan comme président du RC Lens qui avait proposé un plan financier irréaliste à l’AS Cannes au tout début de la saison 2001-2002 si
ma mémoire est bonne avec notamment « une réception-paillettes » qui devait sauver le club de la Croisette un soir d’été au Palm-Beach ?…
Luc Dayan était en réalité de passage au RC Lens. Il était venu pour vendre le club. Cela étant, c’est Antoine Sibierski qui a dit un jour : « Il faut virer Garcia !… » Par la suite, l’équipe entraînée par Eric Sikoraa effectué un parcours de… relégable…
Revenons à Châteauroux : des nouvelles de Landry Bonnefoi que nous avons également connu à l’AS Cannes comme vous d’ailleurs ?
Landry est mon capitaine à Châteauroux, le leader du groupe, un cadre important afin de permettre à l’équipe de retrouver une solidité défensive. Il a d’ailleurs été très bon l’autre jour à Lens. Landry a un gros potentiel. Ce n’est pas pour rien qu’il est parti à la Juventus de Turin à 18 ans…
Châteauroux est venu vous chercher comme Sochaux a fait signer Hervé Renard que nous avons reçu récemment sur ce site, lorsque le club doubiste était au plus mal. Décidément les anciens cannois sont… d’excellent « pompiers » lorsqu’il s’agit d’éteindre le feu ?...
Avec Hervé Renard, nous étions en concurrence pour le poste d’entraîneur à Sochaux. Changer de coach sous-entend pour le groupe de joueurs écouter un nouveau discours. Cela dit, vous savez, Hervé et moi, sommes des combattants…
La ville de Châteauroux est souvent associée à de nombreuses personnalités comme Gérard Depardieu ou Michel Denisot. Et puis, il y a l’image de La Berrichonne…
La Berrichonne est un des clubs les plus anciens en Ligue 2. Michel Denisot est toujours président d’honneur du club. Il s’intéresse d’ailleurs de nouveau à La Berrichonne. Il a même été sollicité afin de trouver un nouveau président au club. Le président en place a en effet annoncé son souhait de mettre un terme à ses fonctions à la fin de la saison. Châteauroux c’est également le centre de formation qui a donné sa chance à Florian Malouda.
Tout cet argent qui circule actuellement dans le football français, qu’en pensez-vous ?
Il ne faut rien se cacher, le football-spectacle a un prix. Le budget d’un film tourné avec Brad Pitt n’est pas le même si l’acteur principal est un inconnu. La première Ligue anglaise attire les meilleurs joueurs. Là-bas, la loi fiscale est différente de celle instaurée en France. Cela dit, nous devons nous féliciter d’avoir par exemple des joueurs comme Ibrahimovic dans le championnat de France de Ligue 1 sous le maillot du Paris Saint-Germain… Même si les autres équipes, c’est vrai, ne disputent pas forcément le même championnat que les Parisiens. Aujourd’hui, je crois qu’il est important de réfléchir à une autre répartition des droits télé. Il y a une réflexion à mettre en place. A Lens par exemple, la masse salariale n’a rien à voir avec celle des autres clubs de Ligue 2.
Votre avis sur la taxe à 75 pour cent ponctionnée sur les salaires des footballeurs d’un million d’euros et plus par an ?
Pour moi, c’est une mesure purement démagogique. On fait passer les footballeurs pour des personnes très riches…
Ce ne sont pas les plus malheureux quand même…
C’est vrai, on va faire payer cette taxe aux employeurs, c’est-à-dire aux clubs. C’est une mesure qui ne sert à rien. Elle est purement électoraliste, démagogique. Rolland Courbis a posé récemment la question : « Pourquoi pas prendre 95 pour cent à un joueur qui gagne un million d’euros par an ?.... ». Il ne faut pas oublier qu’un footballeur qui gagne 100 000 euros par an, verse 58 000 euros aux impôts, c’est énorme !
La qualification de l’équipe de France au prochain Mondial brésilien en 2014 ?
C’est une superbe grande nouvelle pour tout le monde, pour tous les gens de l’activité football. Je crois que l’équipe de France est capable d’avoir une réaction de qualité au Brésil en tirant certaines leçons d’un passé récent.
Un mot sur l’AS Cannes en conclusion…
J’espère que le club retrouvera des moyens afin de sortir de ces compétitions très difficiles que sont le CFA et le National. J’espère que l’environnement qui entoure Jean-Marc Pilorget est serein. Jean-Marc est un entraîneur hyper compétent. C’est vraiment très dommage de retrouver l’AS Cannes si bas. D’anciens footballeurs cannois pourraient aider le club à s’en sortir, je pense notamment à Manu Nogueira qui habite… Pégomas !
Propos recueillis par Hervé SOMNARD
Entretien réalisé le 25 novembre 2013
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