Il est comme cela Pierre Coquand, attachant, vrai, un brin « grande gueule » mais jamais, oh grand jamais titulaire du devant de la scène !
Il est comme cela, ni vous ni moi, ne réussirons à modifier le casting de ce passionné au grand cœur. L’autre jour, au « Madrigal », son quartier général du boulevard du Midi à Cannes, où, tous les matins du monde, il achète « Nice-Matin », « L’Equipe » boit un café. L’autre matin face à la mer, il avouait avec la plus vraie de toutes les modesties : « Je n’ai jamais rien demandé, cet Ordre National du Mérite me tombe sur le nez, sans que je sache vraiment pourquoi…. »
Sans revenir aux calandres grecques, Pierre Coquand raconte encore et toujours sa passion pour le volley-ball, l’Algérie, son club, sa vie. Il en profite pour nous conseiller de découvrir ce site « le volley Alger roi » « Pierre Coquand, 17 ans de passion 1945-1962 » monté, mis en images par Pierre-Alain Vuolo, l’ami commun…
Pierre raconte, encore… l’AS Cannes, le club de son cœur, se dit inquiet des résultats enregistrés par Pujol et les siens ces derniers temps. Il dit pourquoi, comment, sans pour autant vouloir vexer personne.
Sur l’équipe de France de Laurent Tillie, Pierre Coquand lui reproche un manque de taille, qualifie Edwin Ngapeth « de joueur exceptionnel techniquement… » Puis ajoute franco de port : « Pour moi, le meilleur coach fut Jean-Marc Buchel. C’est lui qui a fait d’Alain Fabiani attaquant, le passeur que l’on sait. C’est lui qui a fait « Lolo »… » Traduisez Laurent Tillie.
« Et puis Buchel, qu’on le veuille ou non, fut le premier volleyeur français à s’en aller jouer au… Real Madrid ! … »
Les mots défilent, après l’AS Cannes et ses amis, ses fidèles : « Bernard Moricet, Jean Bérard, Norbert Mirales… ils ont tenu le club sur le plan administratif, moi, j’ai toujours été un homme de terrain… »
Sans prévenir, il retourne la montre qu’il porte au poignet gauche. On y lit « LNV, ma vie, ma passion… » Pierre Coquand hier président-fondateur de la Ligue Nationale de Volley-ball explique calmement – eh oui, tout arrive… - « J’ai consacré soixante-cinq ans de
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ma vie au volley-ball, peut-être même quelques mois en plus… »
Quand on aime, on ne compte pas, c’est bien connu !
Oui mais pourquoi s’être mis en retrait aujourd’hui ? La réponse était prête, on vous l’assure dans un large sourire. Pierre Coquand n’a rien a caché, c’est pour cela qu’il affirme haut et fort : « Parfois, il faut mieux savoir se retirer avant de… se faire virer… » Toujours cette franchise qui lui va si bien, colle à la peau, à ses mots, ses phrases, ses certitudes depuis toujours.
A plus de quatre-vingt ans, Pierre Coquand conclut pour cette fois-ci avec une phrase, un conseil : « Etre dirigeant, c’est être à la disposition des autres. Etre intégralement bénévole. Ne jamais se servir de son rôle comme… une rente de situation !... »
Il y en a quelques-uns qui devraient écouter ce conseil, le mettre en pratique.
Vous voulez des noms ? Vous ne les aurez certainement pas de la bouche de Pierre Coquand. L’homme a de la classe, de l’humilité. Il sait être discret mais, rien ne lui échappe. Le volley-ball, c’est « son petit » depuis si longtemps. Il déteste ces enchanteurs qui parfois l’entourent – pas lui mais le volley-ball - à la recherche de leur futur et en passant d’une grosse poignée d’euros…
Superbe Coquand ! « Aujourd’hui, à travers cet Ordre National, on reconnait simplement mes mérites, c’est tout. Vous savez, je ne vais en parler à personne. Le jour où l’on me remettra cette distinction, nous serons quatre ou cinq, pas plus. Il y aura ma femme, mon fils, la personne qui me la remettra et moi… »
Il vous l’a dit « « cet Ordre National du Mérite, lui est tombé sur le nez… sans avoir rien demandé… » Alors.
Au fait, félicitations Pierre… mais n’en parlez à personne !
Hervé SOMNARD
Entretien réalisé le 17 décembre 2013
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